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  • Louis Remy

Chronique d'un artiste hors du commun : Laylow


© Laylow - Capture d'écran du clip Maladresse


Chaque vendredi, une multitude d’albums et de projets font leur apparition au sein du paysage musical dans le monde entier.

Certains ayant plus d’intérêt que d’autre, le 28 février sortait "Trinity", à savoir le premier album d’un artiste parmi les plus singuliers du rap français, Laylow. Si auparavant il avait déjà sorti quatre projets dans sa carrière en solo, son dernier en date se démarque de ses précédents.

En effet là où ses créations antérieures étaient toutes composées de 10 titres, son dernier album en comporte 22, dont 7 interludes. Un élément démarque celui-ci de ses précédents : la scénarisation, la construction qui procure l’impression d’un film auditif à l’auditeur. Celui-ci se retrouve propulsé dans un univers plus complexe qu’il ne l’a été auparavant mais une caractéristique commune reste présente : il n’y a pas de morceaux « positifs », un seum est particulièrement reconnaissable, et en allant plus loin un sentiment de solitude. C’est sous cet angle que nous allons aborder la musique, la personnalité et le parcours de cet artiste Toulousain.


Laylow a entamé sa carrière en 2011, non pas en solo comme le public le connaît actuellement, mais en duo avec un autre rappeur Toulousain, Sir’klo. Il faut savoir que ces deux rappeurs faisaient partis d’un groupe qui s’est, selon les propres mots de Laylow, « un peu effondré ».

Si les raisons de la séparation des deux artistes reste inconnue, nous pouvons déjà observer une scission. En effet, quand on leur demande de qualifier leur musique en trois mots, le premier à sortir de la bouche de Sir’klo est positif et Laylow va alors se prononcer contre cette définition de leur art.

En 2019, à l’occasion d’une interview avec Mehdi Maïzi, il avouera ne pas être capable de faire un morceau positif car cela sonne « faux » à ses oreilles.

Nul extérieur à l’auteur de "Trinity" ne peut savoir si c’est cette divergence qui a conduit à la séparation du duo, ou si il s'agit simplement de la séparation avec son label de l’époque. Néanmoins une chose demeure certaine : lorsque Lay’ revient avec un nouveau projet, trois ans après son dernier projet en groupe, sa musique et son esthétique sont métamorphosées.


En effet, où auparavant il affichait un style que l’on pourrait caractériser, en vulgarisant, comme du kickage, Laylow arbore désormais une musique qu'on pourrait qualifier d’électronique.

On retrouve ainsi plusieurs changements. Le premier est l’utilisation de l’auto-tune, et plus précisément d’un mixage très particulier de sa voix qui donne cette couleur si singulière. En ce sens, partir en solo lui a permis de se construire une identité musicale marquée qui continue de s’affiner au fur et à mesure des projets.

De plus, peu de featurings sont présent dans ses précédents EP : on compte en tout six artistes en collaboration sur les quatre projets précédant le dernier album. Et dans ce dernier, deux des cinq artistes invités l’avaient déjà été auparavant. Le nombre restreint de collaborations l’a sans doute aidé à construire l’univers que l’on retrouve dans "Trinity".


Une des composantes de cet univers est l’amour, un thème fréquemment abordé par l’artiste Toulousain au fil de sa carrière. On pourrait même dire que sa relation avec la personnalité féminine, dont l’album tire le nom, est une sorte de fil rouge dans "Trinity" : on entend sa voix dans les interludes et à la fin de certains morceaux, sans vraiment comprendre ce qu’elle est avant d’avoir écouté la fin du projet.

De nombreuses facettes de l’amour sont explorés par l’artiste au cours de sa carrière, mais l'on compte plus de déceptions que de moments joyeux.

En introduction je parlais du sentiment de solitude : on le retrouve déjà en 2018 dans le morceau « Vent de l’est » quand, dans le refrain se trouvent les paroles suivantes :

Quand tu me laisse, j’me sens seul à la mort

L’artiste Toulousain ne se contente pas de cette phrase puisqu'on peut retrouver cet aspect à de nombreux moments dans sa carrière, y compris dans son dernier projet.


Ce sentiment, Laylow l’a partagé en écoutant de nombreux artistes qui l’ont ensuite influencé, comme Kanye West. Il serait cependant réducteur de limiter ses sources d’inspirations à cet artiste : Lay a beaucoup écouté de musique, et pas uniquement américaine. En effet on a pu l'entendre citer l’artiste suédois Yung Lean ou encore le coréen Keith Ape.

L’autre source d’inspiration majeure dans sa musique est le cinéma, un art dont il est extrêmement passionné. Cela peut se voir dans ses clips ou dans les nombreuses références cinématographiques de ses couplets. Il dira lui même regarder au moins deux films par jours.

Une preuve de l’influence flagrante du septième art dans sa musique est son album très fortement inspiré, comme pour rendre un hommage, au film "Matrix".

Un point commun entre Neo et Laylow est l’apprentissage. En effet, nul n’atteint le niveau de Laylow en un jour : il faut travailler, ouvrir des portes avant d'y arriver. Lay' a soif d’apprendre, il est extrêmement impliqué dans sa musique et dans tout ce qui l’entoure. L’artiste multiplie les compétences : il travaille au sein du duo TBMA à la réalisation de ses clips (ainsi qu’à ceux d’autres artistes, preuve de la reconnaissance de son travail), il maîtrise le beatmaking et produit plusieurs morceaux pour ses différents projets, parfois seul, parfois en collaboration avec d’autres beatmakers.


Comme nous l’avons vu dans le dernier paragraphe, Laylow ne travaille pas seul. Il est entouré de son équipe, avec qui il progresse de jour en jour. Parmi les membres la composant, on peut citer Osman - l’autre membre de TBMA -, Dioscures - le principal producteur de "Trinity" -, Wit - un rappeur évoluant au sein du label Digital Mundo crée par ce « collectif » -, et de nombreuses autres personnes travaillant dans l’ombre.

Et si un sentiment de solitude se dégage de sa musique, il ne faut pas oublier les références à son équipe qui l’accompagne et le soutient, et qu’il n’hésite pas à mettre en avant lorsque l’occasion se présente.


Il serait donc réducteur de qualifier la musique de Laylow à ce sentiment apparent de solitude, sa production étant en réalité beaucoup plus complexe.

Pour vous en faire votre propre avis, je ne peux que vous suggérer d’aller écouter son album "Trinity" (dans l’ordre, car c’est important pour bien comprendre ce que l’artiste a voulu nous proposer) et à explorer ses précédents projets et clips.

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